Date de dernière modification de la page : 11/01/2006
Malgré les progrès actuels de la chirurgie, et en particulier de la chirurgie du genou, le risque de complications existe. Toute opération, si bénigne soit-elle et quelles que soient les précautions prises, implique un risque qui va de la complication minime à la complication majeure, y compris le décès. Le fait d’informer ne les rend pas plus fréquentes, mais le fait de ne pas les mentionner ne les fait pas disparaître... Lors de toute consultation médicale, il ne faut pas hésiter à poser la question de ces complications à laquelle le chirurgien doit pouvoir répondre clairement. La chirurgie du genou est une chirurgie fonctionnelle et non vitale. La décision d’une intervention appartient essentiellement au patient, guidé par l’information qui lui est donnée sur les résultats et les risques de l’opération.
L’énumération - obligatoirement incomplète - et la description de ces complications ne doit pas faire oublier leur rareté et leur bénignité habituelle dans ce type de chirurgie.
Les complications pendant l’opération |
C’est le cas d’une blessure d’une artère importante du membre inférieur (artère poplitée), ou d’un nerf (en particulier le nerf sciatique poplité externe) lors d’interventions difficiles : ce sont des complications exceptionnelles, mais qui peuvent être graves.
Rares sont aussi les difficultés opératoires à l’origine d’une fracture (fémorale ou tibiale), d’une rupture ou désinsertion de l’appareil extenseur (tendon rotulien, tendon quadricipital), ou d’une lésion d’une autre structure du genou.
Les complications à la suite de l’intervention |
La douleur. La douleur, dans les jours qui suivent une intervention sur le genou, reste habituellement tout à fait tolérable. L’amélioration des techniques chirurgicales (utilisation de l'arthroscopie, absence fréquente d’immobilisation post-opératoire, reprise souvent précoce de la marche avec appui ...) a rendu en effet ces interventions beaucoup moins agressives. L’évolution de la mentalité des médecins, et en particulier des chirurgiens qui, autrefois, ne se préoccupaient pas beaucoup de ce problème, a permis une meilleure prise en charge de la douleur. L’existence de douleurs importantes doit faire rechercher la survenue éventuelle d’une complication, en particulier d’un hématome. A distance de l'opération existe également le risque de douleurs résiduelles dont la cause n’est pas toujours facile à détecter.
Les hématomes. Toute intervention peut entraîner un saignement, que favorise aussi un traitement anticoagulant souvent nécessaire. L’hématome se traduit habituellement par l’apparition de taches (ecchymoses) colorées en bleu, puis en vert et en jaune, sensibles, qui disparaissent spontanément en quelques semaines. Parfois le volume de sang qui s’accumule dans le genou devient trop important, ce qui entraîne des douleurs et un gonflement. Une nouvelle intervention, simple, pour évacuer les caillots peut alors devenir nécessaire.
L’infection. L’infection constitue le risque de toute opération. Au niveau du genou c’est un complication rare, mais grave. La surveillance au cours des premières semaines qui suivent l’intervention permet de la dépister devant la survenue de douleurs, de fièvre, d’un gonflement du genou, d’un écoulement au niveau de la cicatrice. Il est nécessaire que l'opéré, revenu à son domicile, tienne au courant son chirurgien de tout incident pouvant survenir dans cette période post-opératoire. Il importe d’identifier le microbe responsable avant de mettre en route un traitement antibiotique adapté. Une nouvelle intervention pour effectuer un lavage soigneux de toute l’articulation est le plus souvent nécessaire. C’est à ce prix que l’on obtient habituellement la guérison de cette infection.
La phlébite : c’est la formation d’un caillot dans une veine, qui peut parfois se produire malgré un traitement anticoagulant préventif. La phlébite entraîne elle-même un risque de survenue d’une complication qui peut être grave : l’embolie pulmonaire.
L’algo-dystrophie se caractérise par une raideur précoce, accompagnée de douleurs et d’oedème. Les causes de cette complications sont inconnues. On a seulement observé qu’elle survenait plus souvent chez des personnes inquiètes. L’évolution vers la guérison est souvent longue (plusieurs mois ou même plusieurs années). Ce syndrome algodystrophique peut parfois laisser des séquelles à type de raideur ou de douleurs. Pour plus d'informations sur l'algodystrophie, lire un témoignage, paru dans Le Monde.A signaler la création, le 01/09/2O06, d'une Association Française des Malades atteints du syndrome d'Algodystrophie (AFMASA), qui vient d'ouvrir un site web (http://afmasa.com).
La raideur C’est le risque de toute intervention intra-articulaire. Elle se traduit par une limitation de la flexion ou/et de l’extension du genou. Elle est le plus souvent due à des adhérences qui se forment à l’intérieur de l’articulation. Elle peut nécessiter une éventuelle mobilisation sous anesthésie ou plus tard une « arthrolyse » (libération des adhérences, intervention qui peut être effectuée sous arthroscopie). La rééducation post-opératoire joue un rôle fondamental dans la prévention de cette complication.
Les complications cutanées. La cicatrice peut rester douloureuse, peut s’accompagner de zones d’anesthésie ou au contraire de zones douloureuses à côté d’elle (névrome). Signalons également la possibilité de nécroses ou d’escarres cutanées.
Complications propres à une technique |
Certaines interventions ont un risque de complications particulières, liées à la nature même de l’opération. C’est le cas des prothèses avec un risque d’usure ou de descellement. C’est le cas de certaines complications osseuses, comme une absence de consolidation (pseudarthrose), un déplacement secondaire après une ostéotomie.
Résultats de la chirurgie |
Un résultat ne peut être garanti à l’avance et le risque de résultat incomplet est toujours possible. Ce résultat insuffisant peut avoir plusieurs raisons :
- échec de l’intervention lorsqu’elle ne réussit pas à atteindre son but : récidive d’une luxation de la rotule par exemple après une intervention stabilisatrice, récidive d’une instabilité du genou après chirurgie ligamentaire, persistance de douleurs qui avaient motivé l’intervention etc...
- affection du genou qui ne peut pas être entièrement guérie par une opération : une ostéotomie par exemple ne guérit pas l’arthrose qui existe, mais elle la rend supportable et ralentit son évolution. L’ablation d’un ménisque guérit le blocage, mais laisse persister un risque d’arthrose ultérieur etc...
- survenue de complications, que nous avons décrites, et qui peuvent limiter le résultat obtenu.
Telles sont les principales complications liées une opération au niveau du genou. Leurs conséquences sont rarement graves, et exceptionnellement dramatiques (arthrose, blocage du genou ou amputation). La plupart guérissent sans séquelles et ne sont responsables que d’inconvénients mineurs et de courte durée.
Complications de l’anesthésie |
La chirurgie du genou nécessite une anesthésie, générale ou locorégionale, qui peut aussi être source de complications.
Quels sont les inconvénients et les risques de l'anesthésie générale ?
Les nausées et les vomissements au réveil sont devenus moins fréquents avec les nouvelles techniques et les nouveaux médicaments. Les accidents liés au passage de vomissements dans les poumons sont très rares si les consignes de jeûne sont bien respectées.
L'introduction d'un tube dans la trachée (intubation) ou dans la gorge (masque laryngé) pour assurer la respiration pendant l'anesthésie peut provoquer des maux de gorge ou un enrouement passagers.
Des traumatismes dentaires sont également possibles. C'est pourquoi il est important de signaler tout appareil ou toute fragilité dentaire particulière.
Une rougeur douloureuse au niveau de la veine dans laquelle les produits ont été injectés peut s'observer. Elle disparaît en quelques jours.
La position prolongée sur la table d'opération peut entraîner des compressions, notamment de certains nerfs, ce qui peut provoquer un engourdissement ou, exceptionnellement, la paralysie d'une jambe. Dans la majorité des cas, les choses rentrent dans l'ordre en quelques jours ou quelques semaines.
Des troubles passagers de la mémoire ou une baisse des facultés de concentration peuvent survenir dans les heures suivant l'anesthésie.
Des complications imprévisibles comportant un risque vital comme une allergie grave, un arrêt cardiaque, une asphyxie, sont extrêmement rares. Pour donner un ordre de grandeur, une complication sérieuse ne survient que sur des centaines de milliers d'anesthésies.
Quels sont les inconvénients et les risques de l'anesthésie locorégionale ?
Après une rachianesthésie ou une anesthésie péridurale, des maux de tête peuvent survenir. Ils nécessitent parfois un repos de plusieurs jours ou/et un traitement local spécifique.
Une paralysie transitoire de la vessie peut nécessiter la pose temporaire d'une sonde urinaire.
Des douleurs au niveau du point de ponction dans le dos sont également possibles.
Une répétition de la ponction peut être nécessaire en cas de difficulté.
Des démangeaisons passagères peuvent survenir lors de l'utilisation de la morphine ou de ses dérivés.
Très rarement, on peut observer une baisse transitoire de l'acuité auditive ou visuelle.
En fonction des médicaments associés, des troubles passagers de la mémoire ou une baisse des facultés de concentration peuvent survenir dans les heures suivant l'anesthésie.
Des complications plus graves comme des convulsions, un arrêt cardiaque, une paralysie permanente ou une perte plus ou moins étendue des sensations sont extrêmement rares. Quelques cas sont décrits, alors que des centaines de milliers d'anesthésies de ce type sont réalisées chaque année.
Un certain nombre de textes ont inspiré cette page sur les complications, en particulier ceux des Docteur J. Y.Dupont et Dumontier.