Les Fractures du genou

Ludovic Richard 

Date de dernière modification de la page : 04/07/2004

 

 

Les fractures du genou sont graves car elles intéressent  des surfaces articulaires et donc le cartilage. Cela implique qu’elle doivent être réparées avec le plus grand soin pour redonner au genou le maximum de ses possibilités et de ses fonctions antérieures. Cependant le cartilage peut avoir été écrasé et définitivement  lésé par des mécanismes d’ écrasement des surfaces articulaires lors du traumatisme. La chirurgie permettra au mieux le rétablissement de l’anatomie en fonction de la gravité de la fracture initiale et notamment du nombre de fragments intéressant les surfaces cartilagineuses.

Le bilan radiologique de ses fractures est essentiel à un bon traitement. Il associe des radios  et aussi des tomographies et ou un scanner lorsque cela s’avère nécessaire.

La prise en charge : Il n’y a pas, le plus souvent, d’urgence chirurgicale immédiate sauf si la fracture est ouverte, c’est à dire si il y a une plaie exposant l’articulation du genou à l’air, ou encore, si il existe des complications vasculaires ou nerveuses.

Autrement  une immobilisation dans une attelle ou un plâtre   autorise un transport  sous traitement anticoagulant dans un centre spécialisé pour une éventuelle intervention les jours suivants.
Les fractures de l'extrémité supérieure du tibia

 Les fractures de l’extrémité supérieure du tibia; ce sont les fractures des plateaux tibiaux , les fractures des massifs des épines tibiales ou s’insèrent les ligaments croisés, les fractures spino-bitubérositaires qui associent de façon plus ou moins complexes les 2 précédentes.

C’est le cas de la radio de droite (Figure 1), tous les fragments articulaires sont détachés entre eux et du tibia sous jacent.

. la difficulté est donc le reconstitution anatomique de ce puzzle anarchique

Figure 1: fracture spino-bitubérositaire : l’extrémité supérieure du tibia est complètement  détachée du reste du tibia, et les surfaces articulaires sont en plusieurs fragments.

Contrôle radiologique après réduction   et synthèse de la fracture spino-bitubérositaire (Figure 2) : les surfaces articulaires sont congruentes et les vis étayent et maintiennent les fragments entre eux et par  les plaques  les maintiennent à la diaphyse sous jacente .

Figure 2

Ci dessus une fracture du massif  postérieur des épines tibiales. Le fragment est petit mais sur ce fragment arraché et ascensionné s’insère le ligament croisé postérieur qui, lui est intact. La réduction du fragment à sa place et sa fixation sont impératives pour permettre une récupération d’un genou normal.

Contrôle radiologique après opération (ostéosynthèse), 2 vis ont été nécessaires et la réduction est anatomique, le patient est immobilisé dans une attelle articulée pour 1 mois permettent une rééducation douce précoce et un appui partiel entre 2 cannes . la rééducation sera intensifiée après le  premier mois post-opératoire pouvant se faire alors en centre de rééducation.

 

Les fractures de l'extrémité inférieure du fémur

Ce sont les fractures supra-condyliennes  ou inter-condyliennes ou leur association

Ici, il s’agit d’une fracture uni-condylienne du fémur opérée et vissée, mais le montage pas assez solide n’a pas empêché la fracture de se déplacer et de ne pas consolider, fracturant les vis, réalisant une pseudarthrose.

Il a donc fallu enlever le matériel, aviver la fracture la greffer et la fixer à nouveau mais par un montage plus solide comme le montre la  diapositive suivante.

La reposition du condyle est meilleure et la solidité du montage permettra une bonne consolidation. La rééducation est immédiate sous couvert d’une attelle articulée, l’appui est  interdit pendant 45 jours puis repris progressivement  entre 2 cannes  pour être complet vers le  100è jour post-opératoire.

Fracture du genou associée aux fractures de jambe

Ici il s’agit d’une fracture associant un enfoncement d’un plateau tibial, une fracture du massif antérieur des épines tibiales ou est inséré le ligament croisé antérieur et une fracture de la diaphyse sous jacente. La réparation devra donc associer un relèvement de la fracture articulaire enfoncée et une synthèse de la diaphyse tibiale sous–jacente .

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Résultat après opération (ostéosynthèse)

Les vis étayent le relèvement et la plaque vissée sous jacente maintient le tibia  anatomiquement pour la consolidation. L’appui est interdit 45 jours puis le pas simulé entre 2 cannes est repris avant d’augmenter la charge progressivement, L’appui complet étant repris vers le 3 è mois post-opératoire. Le péroné n’est pas synthésé et consolidera ainsi. De même l’écaille tibiale externe qui n’a pas été prises par le montage  consolide ainsi car reste parfaitement périostée .

 

Les règles du traitement :

Lorsque les fractures ne sont pas ou peu déplacées, un traitement orthopédique par immobilisation peut parfois être entrepris. Son inconvénient est le risque d ‘enraidissement du genou, il impose une surveillance radiologique pour s’assurer de l’absence de déplacement de la fracture dans les semaines suivantes. Quand les fractures sont déplacées le traitement chirurgical s’impose, il peut être très difficile et sera fait au mieux par des chirurgiens spécialisés et aguerris en centre orthopédique spécialisé. Il n’y pas le plus souvent d’urgence immédiate, la fracture pouvant être opérée dans les 10 à 15 jours suivants.

Son but est de rétablir l’anatomie et de permettre une rééducation précoce, c’est à dire de mobiliser le genou le plus vite possible. L’hospitalisation est de 5 à 15 jours en moyenne selon le type des fractures. L’appui n’est autorisé qu’entre 6 et 12 semaines après et de façon progressive. L’exception sont les fractures de rotule qui peuvent appuyées tout de suite sous couvert d’une attelle. La reprise de la marche sans canne se fait en général entre le 3 et le 4 è mois post opératoire.

La rééducation est poursuivie même après souvent.

Les complications

La phlébite est une complication péri-opératoire  fréquente et l’objet d’une prévention par anticoagulant systématiquement et d’un dépistage quotidien même sous ce traitement anti-coagulant.

La raideur du genou est prévenue par une rééducation qui doit être la plus précoce possible.

La non consolidation de la fracture ou pseudarthrose  peut arriver , nécessitant une nouvelle intervention.

L’infection est beaucoup plus rare,   et peut être grave, elle compromet la fonction articulaire en risquant de détériorer les cartilages et en enraidissant l’articulation. .

A terme le risque d’arthrose est d’autant plus important que les dégâts cartilagineux initiaux ont été graves

 

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