PROTHESE TOTALE DU GENOU AVANT 60 ANS

Date de dernière modification de la page : 17/12/2006

 

  Dans quels cas faire une prothèse du genou avant 60ans ?
Pourquoi faut il attendre avant de se faire opérer ?
Docteur Jérôme LEMOINE
Chirurgien
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L'arthrose du genou est la destruction de l'articulation par disparition de son cartilage.

Il s'agit d'une maladie du sujet âgé mais elle touche parfois des sujets beaucoup plus jeunes. Les causes sont différentes. Il peut s’agir :

  1. de la conséquence de maladie générale responsable d'arthrite, c'est à dire de destruction articulaire par un syndrome inflammatoire (par exemple : la polyarthrite rhumatoïde).
  2. d'arthrose d'origine post-traumatique à la suite d’un accident de sport ou de la voie publique qui a occasionné soit une fracture articulaire soit une entorse.

Les fractures articulaires sont des fractures graves car elles peuvent être responsables d'une atteinte cartilagineuse, soit rapidement soit secondairement (séquelle de la fracture).

Les entorses graves du genou non ou mal traitées aboutissent parfois à une instabilité chronique. La rupture du ligament croisé antérieur déstabilise le genou entraînant un jeu excessif de l'articulation. Ce jeu excessif peut s'aggraver et induire à la longue une usure méniscale puis cartilagineuse.

L'arthrose peut être secondaire à l'ablation d'une lésion méniscale de nombreuses années auparavant. En effet le ménisque est une cale amortissante qui protège le cartilage. Son remplacement n'est pas encore possible et son ablation lorsqu'il est lésé entraîne une surcharge cartilagineuse qui peut être arthrogène à long terme.

Le traitement de l’arthrose du sujet jeune doit être essentiellement conservateur, c'est à dire médical. Les antalgiques et les anti-inflammatoires à la demande, le port de semelles, le contrôle du poids, la rééducation visant à l'entretien articulaire et musculaire, les injections d'acide hyaluronique (viscoinduction), permettent de retarder au maximum une éventuelle intervention chirurgicale. En effet l’intervention consiste à remplacer le cartilage usé par un élément artificiel, la prothèse. Il s’agit d’une pièce mécanique susceptible d’usure. Plus la prothèse est mise en place chez un sujet jeune plus elle sera sollicitée et plus longtemps elle devra être utilisée du fait de l’augmentation régulière de l’espérance de vie. Les contraintes imposées à la prothèse seront très différentes chez une patiente retraitée de 80 ans et chez un patient actif de 55 ans. La probabilité d’être obligé de pratiquer un changement de prothèse augmente plus le patient est jeune et actif.

Si la gêne reste tolérable, il faut donc essayer de temporiser au maximum, d'adapter l'activité aux possibilités du genou et éventuellement d'envisager un reclassement professionnel en cas de métier sollicitant de façon intensive l'articulation.
 
Dans certains cas particuliers, l'arthrose est aggravée par un défaut d'axe de la jambe et on peut être amené à proposer une intervention conservatrice de réaxation de l'articulation afin de mieux répartir la charge sur le genou lors de la marche. C’est l’ostéotomie.

Malgré ces différents traitements, l'arthrose peut rester douloureuse, invalidante avec une diminution du périmètre de marche et une inefficacité du traitement médical. On peut alors envisager un traitement radical, c'est à dire, la mise en place d'une prothèse qui va remplacer le cartilage disparu. Cette situation est une situation rare, de « dernier recours » mais qui ne doit pas être définitivement exclue chez le sujet jeune. En effet les résultats actuels des prothèses totales du genou sont bons avec un recul extrêmement satisfaisant. En cas d'usure de la prothèse, les techniques de reprise chirurgicale et de changement sont actuellement au point et efficaces.

L'amélioration des techniques chirurgicales, la qualité des implants actuels, leur longévité, permet de proposer au sujet jeune qui présente une arthrose très évoluée, très invalidante un traitement chirurgical avec un bon résultat. Le patient doit être néanmoins prévenu des avantages mais aussi des risques et des inconvénients de cette thérapeutique et en particulier de la possibilité d’un changement de la prothèse au cours de sa vie.

Si la prothèse permet d'indolence, c'est à dire l'absence de douleur et la reprise d'une vie quotidienne normale, elle ne permet pas de tout reprendre. En effet les activités sportives violentes, en charge, sont contre indiquées, en revanche les sports non en charge, comme le vélo ou la natation sont autorisés. Les sports doux comme la randonnée, le golf sont aussi possibles.

L'intervention ne sera envisagée qu'après un bilan clinique et radiographique précis permettant d'avoir la certitude qu'aucune autre thérapeutique n'est envisageable en concertation avec le rhumatologue et le médecin traitant.