Date de dernière modification de la page : 18/10//2006

 Jacques Parier

 Tout le monde connaît bien les craquements que l’on peut produire au niveau de ses doigts en les tirants fortement et si le son est désagréable, il n’est jamais inquiétant. Il en va autrement au niveau du genou où les craquements sont très variés. Ils peuvent être désagréables mais aussi dérangeants et même parfois inquiétants. Plusieurs causes peuvent être à l’origine des craquements du genou.

P Le plus souvent, ils expriment un phénomène de cavitation. Ce phénomène physique, bien connu pour les turbines hydrauliques, les pompes ou les hélices de bateau, existe également au niveau des articulations. Il s’agit de la formation de cavités, remplies de gaz, qui se forment au sein du liquide synovial qui est normalement produit par l’articulation. Ces cavités, véritables bulles, se déplacent à l’intérieur de l’articulation. Si elles parviennent dans une zone où la pression remonte, du fait de la mobilisation articulaire, la cavitation cesse, les espaces vides disparaissent avec condensation du gaz qui s’associe le plus souvent à un violent bruit de claquement. Celui-ci habituellement ne porte pas à conséquence, cependant, il n’est pas favorable de le reproduire de manière volontaire et systématique.

 G Les craquements peuvent également présenter d’autres origines.

- Il peut s’agir d’un claquement méniscal qui s’accompagne souvent lorsque l’on palpe le genou, d’une sensation de quelque chose qui ressaute, il s’agit d’un véritable dérangement de l’intérieur de l’articulation. Celui-ci se produit habituellement lorsque le genou est complètement plié, si c’est la partie postérieure du ménisque qui est touchée. Dans ce cas, c’est beaucoup plus souvent le ménisque interne qui est mis en cause.

- Chez le jeune, voir chez l’enfant, il existe un claquement tout à fait particulier avec sensation de déplacement du genou, plutôt retrouvé lorsque celui-ci est en train de s’allonger, proche de l’extension complète. Ce phénomène décrit par les anglo-saxons par le terme de « snapping knee » est en relation avec une malformation du ménisque externe. Celui-ci qui se présente plutôt comme un croissant à l’état normal, du fait d’une anomalie, ressemble à une assiette avec un bord très épaissi qui lorsque le condyle du fémur passe sur lui ressaute et claque.

- Parfois et on peut facilement le constater en plaçant la main sur le genou lors des mouvements de flexion et d’extension, c’est la rotule qui lorsqu’elle s’engage dans la trochlée du fémur produit ce claquement. Celui-ci n’est habituellement pas douloureux et il ne faut rien faire de plus.

 

G Encore différents sont les crépitements plus ou moins sonores, qui se produisent lors des mouvements du genou. Il peuvent se situer à l’avant, sous la rotule et le bruit a souvent été comparé à celui d’une biscotte que l’on écrase. Il s’agit alors d’un frottement entre le cartilage de la face postérieure de la rotule et le cartilage de la trochlée. Malgré une intensité sonore parfois dérangeante et qui attire l’attention de l’entourage, ces crissements ne sont pas toujours la traduction d’une lésion de ce cartilage. En l’absence de douleurs, il faut se contenter d’une surveillance. Dans le cas contraire une consultation médicale et un bilan radiographique s’imposent.

 

B Certaines manœuvres permettent de placer le compartiment interne ou externe du genou dans des positions de compression, de stress. Les crissements retrouvés sont habituellement peu bruyants. Ils sont alors bien souvent la traduction d’une détérioration cartilagineuse du condyle fémoral ou du plateau tibial. Ces tests effectués par le médecin, participent au diagnostic clinique. Les claquements ou les sensation de dérangement ressentis lors de ces mêmes manœuvres sont souvent en relation avec le ressaut du condyle sur le ménisque intéressé. Si cette manœuvre n’est pas douloureuse, qu’elle est de plus symétrique par rapport à l’autre genou, elle n’a aucun caractère inquiétant. Par contre si elle est douloureuse et qu’elle rappelle au patient ses symptômes, elle ajoute alors un élément au diagnostic de lésion méniscale.

 

 

D Bien différents sont les craquements ressentis lors d’un accident qu’il soit sportif ou non. C’est à l’occasion d’une chute en ski, d’une glissade mal contrôlée, d’une réception de saut, d’un contre pied, que le genou s’est mis brutalement à craquer. Ce craquement est bien souvent synonyme d’une atteinte grave du genou. Il s’accompagne bien souvent d’une douleur très vive et secondairement d’un gonflement. Un examen clinique soigneux est alors toujours nécessaire pour pouvoir poser un diagnostic. Différentes structures du genou peuvent être touchées : atteinte des ligaments et c’est principalement le ligament croisé antéro externe et le ligament latéral interne qui sont impliqués, lésion des ménisques, le plus souvent touché est le ménisque interne, parfois des fractures. En plus de l’examen clinique, un bilan d’imagerie (radiographies, arthrographie, imagerie par résonance magnétique) est bien souvent nécessaire.

 

L’analyse des bruits que peut produire un genou lors des mouvements est utile. Dans la plupart des cas, ces craquements ne représentent aucun danger et ils ne doivent pas inquiéter. Ils peuvent cependant traduire parfois une lésion d’une structure anatomique qu’il convient de dépister et d’analyser pour orienter un traitement efficace.