Attention, un ménisque peut cacher un ligament ! |
M. J. Lan..,
26 ans danseur professionnel, répète pour son prochain spectacle de danse
contemporaine. Le chorégraphe lui demande, après un saut très aérien, de se
réceptionner sur le bord interne des 2 pieds, de se fléchir en position à
genoux, mettant ceux-ci en rotation externe forcée, et d’enchaîner sur une
nouvelle impulsion, en poussant sur ce même bord interne de pieds. Ce mouvement
particulièrement difficile doit être répété de nombreuses fois pour obtenir
la satisfaction du metteur en scène. Sur un dernier essai, peut être un peu
fatigué, M. J. Lan… ressent une violente douleur de la face interne du genou
droit et perçoit même un petit craquement. L’impotence est totale, entraînant
une boiterie immédiate, la répétition est stoppée. Le genou est rapidement
glacé, l’articulation ne gonflera que de façon minime.
M. J. Lan… est vu rapidement en milieu spécialisé. L’examen systématisé est très intéressant. Le genou est pratiquement sec, il existe un flessum de 5°, difficilement réductible, la flexion est à 120°. Le test de Lachman est négatif de façon formelle, celui de Lemaire n’est pas réalisable car il déclenche des réactions de défense, dues à la douleur interne. Il n’y a pas de laxité externe, en interne, elle est minime et difficile à apprécier en raison de la laxité physiologique du patient. La palpation retrouve une douleur du compartiment interne, elle est exquise sur le condyle interne, et moins intense sur l’interligne. La mise en rotation externe, brutale, du pied réveille une douleur vive, la position en tailleur (ou s’en approchant) est quasi indolore, les manœuvres de compression du compartiment interne en varus associées aux rotations, le sont aussi. Les radiographies standards, de face, de profil, et en défilés fémoro-patellaires, sont normales. Compte tenu du niveau de ce danseur et de ses contraintes de calendrier, un examen en résonance magnétique est demandé en urgence.
Les coupes sagittales montrent une franche lésion de la corne postérieure du ménisque interne. | Les coupes coronales et transversales mettent en évidence un épaississement capsulo-ligamentaire interne net. |
Il
est décidé de pratiquer une injection de 3 cc d’hydrocortisone associés à
2 cc de xylocaïne à 1% au niveau de l’insertion fémorale du LLI .Une rééducation
de 10 séances est prescrite. 6 séances auront suffit pour remettre le danseur
à ses répétitions, le spectacle, 3 semaines plus tard, est assuré
normalement. Le traumatisme entrant dans le cadre d’un accident du travail, M.
J. Lan… est revu pour le certificat de consolidation, 6 semaines après
l’accident, le patient est guéri et dit l’avoir été à 100% au bout
d’un mois.
Cette
observation montre bien (si besoin en était) que la clinique prime sur les
examens complémentaires, aussi sophistiqués soient-ils. Le traumatisme en
hypervalgus est plus en faveur d’une lésion du plan interne que d’une lésion
méniscale. La palpation précise retrouve la souffrance de l’insertion supérieure
du LLI, la mise en tension de ce plan réveille la douleur. La compression du
compartiment interne (tests méniscaux) ne déclenche pas la douleur. Pour ce
qui est des images en résonance magnétique, la lésion méniscale, bien réelle,
est d’allure dégénérative, tout au moins, évoque une lésion ancienne
difficile à rattacher à l’accident récent. Enfin le LLI est à l’évidence
souffrant de façon aiguë.
Ce
cas clinique amène à rappeler que, bon nombre de
lésions méniscales son asymptomatiques. La méniscectomie
arthroscopique n’est justifiée que par la gêne fonctionnelle ,
essentiellement la douleur, et non par l’image arthrographique ou IRM.